DESSINS.
Il s’agit d’une graphie fouillée, précise, à l’encre de chine noire, une calligraphie semi-fantastique, prenant appui sur l’univers végétal avec ses volutes, ses profils découpés, ses ombelles, ses fougères, son entrelacs de lianes, sur l’ univers minéral avec ses cristallisations, sur l’univers marin, ses algues, ses oursins, ses nautiles, ses spirales. Les traits s’impriment en sillons parallèles, forment des ourlets pareils à de petites vagues minutieusement répétées.
Traduire un essor, une germination qui se prépare, un mouvement ascendant, rayonnant. Ces arborescences précieuses, contenant des spores, sont promesses d’ouverture.Elles se veulent en relation avec les « rythmes », les « forces vives » de la nature, elles constituent une intrusion au cœur de la matière, interrogeant cette dernière, à la limite de l’abstraction de la figuration, la matière dans sa gestation, son devenir.

BETON CELLULARE.
Un de mes premiers matériaux, ramassé au cours de promenades, de parties de pêche, des blocs, des fragments, petits ou volumineux, patinés du temps, polis par les intempéries, l’ eau sur laquelle ils flottent, rassemblés à la rive, comme mis à la disposition du regardeur. Parfois il y a très peu à rajouter, rectifier, les formes modelées d’elles- mêmes, évocatrices d’animaux, de figures. Le matériau, léger, friable, se prête aux métamorphoses, je me guide sur ce que me suggère la forme originale, je conserve le plus souvent sa pureté, ses contours initiaux. Un bestiaire apparaît: poissons, oiseaux, semi- imaginaires, aussi des visages…la main glisse sur la matière jusqu’ à ce que cette dernière soit apprivoisée, parlante.

COLLAGES.
Par le regard: élire. Les surréalistes se réclamaient de
« l’œil à l’état sauvage », prônaient les rapprochements spontanés, insolites. Aussi, susciter l’étonnement, la surprise, engendrer le merveilleux, créer, à partir de presque rien, un pluriel d’échanges, de relations. Découpages dans des revues, journaux, livres, magazines, collecte d’ écailles de mémoire humaine, de rebuts de la société de consommation, avec une particularité pourtant qui interpelle. Le regard sélectionne, le geste réinsère dans un circuit artistique, on peut toucher, soupeser, choisir…Je juxtapose, colle, cela donne des assemblages de tissus, papiers, de bribes de matières composant un puzzle subtil que le regardeur décrypte, interroge, attiré par une tache, une couleur, une virtuosité, une audace.